24.5.06

DANS LA NUIT DU 18 MAI 2006

Rêve #20 016

Des comédiens shakespeariens partagent la scène avec Jean Cocteau et des trapézistes du Cirque du Soleil. Ils se trouvent dans le centre-ville de Québec.

Hum… sans doute une mise en scène de Robert Lepage.

Le décor se métamorphose.

Je rencontre la femme de mes rêves. Le moral est plutôt bas. Nous allons boire un café au resto du coin. Le service est médiocre, mais les cappuccinos sont délicieux. Elle m’explique ce qui ne va pas : mes rêves ont demandé le divorce.

« C’est pas facile de mon côté non plus. Ma copine a une liaison avec mon ami imaginaire. »

« Ils ont peur de l’engagement à long terme. »

« Quand même, mes rêves ont été abonnés 8 ans au Club Columbia. »

« Tu pourrais faire quelque chose. »

« Je ne suis pas responsable de mes rêves. »

« Vous êtes très intimes. »

« OK. OK. Je vais demander à mes rêves de se montrer plus réalistes, mais je ne peux rien garantir. Tu connais mes rêves… jamais capables d’être terre à terre. En plus, s’ils ont l’appui de mes illusions. Oublie ça. Ces deux-là sont inséparables. »

« Je leur en veux au plus haut point. J’ai envie de me venger. Je n’en dors plus la nuit. »

« Tu pourrais faire appel à un professionnel. »

« Non, non, c’est trop risqué. Je ne suis pas prête à terminer ma vie en prison. »

« Pas un tueur à gages… un psychiatre. »

« Brrr. Ça me donne froid dans le dos. »

« Excusez-moi madame, j’ai échappé deux litres de crème glacée sur votre chemise. », intervient le serveur.

Je continue : « Mes rêves recherchent toujours la perfection. Chaque fois que tu te fâches, tu contribues à l’effet de serre. »

« Je sais bien. Toi, tu perds plus souvent tes cheveux que le contrôle de tes émotions. »

« Wo minute… Je ne perds pas mes cheveux. Je sais où ils sont rendus. Ils poussent sur mes épaules. »

« Y a vraiment rien qui résiste à l’épreuve du temps ? »

« Un divorce, t’as ça pour toute ta vie. »

Réveil à 8 heures 15. Soleil sur Mendoza.

18.5.06

HOMMAGE AU MALBEC

Les vins argentins sont spectaculaires comme le décolleté d’un top model brésilien ou aussi séduisants qu’Isabelle Blais. Davantage que le Cabernet Sauvignon, le Merlot ou le Pinot Noir, le cépage Malbec définit les couleurs de l’Argentine. Au nez, ce vin rouge évoque les cerises ou le cassis. En bouche, il exprime toute sa splendeur : des arômes et des goûts de chocolat, vanille, cuir et café.

Qu’est-ce qui provoque le plus de migraines : le vin rouge ou le mariage ? Cette question est aussi ouverte que celle de l’origine du nom « Malbec ». Certains affirment que Malbec était le nom de famille du viticulteur hongrois qui a introduit cette variété sur le sol français. Pourtant, en France, le cépage Malbec est connu sous le nom de Cot. Dans la région de Cahors, on l’appelle Auxerrois. En Argentine, le Malbec a fait son apparition au milieu du dix-neuvième siècle. L’agronome français Michel Pouget, aux côtés de ses collègues, en a cultivé de grandes quantités. Les Français reprochaient plusieurs choses à cette variété (ah ben gadon, quelle surprise !), entre autres l’aspérité de ses tannins. Le vin était mauvais (mal) en bouche (bec). Malbec…

Les Français avaient peut-être raison à l’époque, mais les immigrants européens ont découvert que le sol et le climat argentins, en comparaison à ceux de l’Ancien Monde, procuraient au Malbec des conditions plus adéquates au bon développement de ses tannins robustes et de sa couleur intense. La qualité de ce vin était supérieure à celle des autres variétés introduites en Amérique du Sud.

Encore aujourd’hui, ils sont nombreux les Européens qui partent à la conquête de la nouvelle frontière du millésimé. Ils arrivent de France, d’Italie ou d’Espagne. Dans le cas de Roberto Cipresso, considéré comme l’un des meilleurs œnologues italiens, ce sont deux investisseurs argentins qui l’ont convaincu d’élargir son territoire au-delà de la Toscane.

Santiago Achaval et Manuel Ferrer, ex-industriels spécialisés dans le ciment que le Malbec a transfigurés (eux-mêmes et non pas le ciment), ont entrepris avec lui un périple de 4 000 kilomètres à travers les vignobles situés aux pieds des Andes. Roberto Cipresso a découvert le paradis du vin dans la vallée de Uco : des vignes plantées, aux environs de 1915, dans un sol idéal et à l’altitude parfaite.

Premier choc. Les propriétaires envisageaient de brûler ces vignes aristocratiques pour faire place à un cépage qui offre un rendement supérieur. Cette tendance a failli coûter la vie au Malbec dans toute la région de Mendoza. Au cours des années 80, pendant que la jeunesse insouciante rêvait d’un pinch à la Lionel Richie, on éradiquait les vignes de Malbec parce que les technocrates dessinaient un futur à une seule variable : la haute productivité.

Une restructuration du milieu vinicole, à l’échelle nationale et internationale, a modifié cette perspective. Auparavant, la région de production revêtait plus d’importance que le cépage en lui-même. Aujourd’hui, le consommateur achète une étiquette tout autant qu’un produit. En quelque sorte, le Malbec argentin est devenu une marque de la singularité qui contribue au positionnement de tous les vins du pays. C’est en Argentine qu’on retrouve la plus grande superficie cultivée : 16 000 hectares. En comparaison, la France consacre 5 000 hectares au Malbec et la Californie seulement 45.

Deuxième choc. Roberto Cipresso est tombé face à face avec un vieux cochon qui s’engraissait le bacon en dévorant les précieuses grappes. Avant tout, l’Italien a acheté les terres d’Altamira pour se débarrasser du gros cochon noir. Achaval, Cipresso et compagnie ont aussi investi dans les vignes de Tupungato, San Carlos et Perdriel.

Au cours des dernières années, les éloges, quant à la qualité de leur produit, n’ont pas cessé de pleuvoir. Leur Finca Altamira 2003 a obtenu 96 points, sur une échelle de 100, au classement de la revue Wine Spectator. Consécration internationale. Achaval-Ferrer est maintenant l’un des maîtres producteurs de vins Malbec haut de gamme. (Au prix que coûtent leurs vins de garde, je recommande l’achat d’un chien de garde pour veiller à la sécurité.)

À Achaval-Ferrer et tous les producteurs de l’Argentine, je dédie cet aphorisme : « Un alcoolique est un individu qui boit plus que son psychologue. »

http://www.achaval-ferrer.com/

Appendice

Les spécialistes peuvent affirmer que le vin goûte le chien mouillé, le foin coupé ou les fleurs séchées, mais il n’y a jamais personne pour dire que ça goûte le raisin. Lorsque ces mêmes spécialistes ont soif de raisin, que font-ils ? Ils s’achètent du jus de prune ? Pour comprendre la philosophie, j’ose faire le rapprochement entre du vin rouge et un sandwich au thon. On veut que ça goûte n’importe quoi sauf le thon. Dans un cas comme dans l’autre, l’expérience gustative est supérieure quand ça goûte autre chose.

11.5.06

La banane est riche en fer. Le sucre est riche en plomb.

Dans les pays démocratiques, on ne révèle pas le caractère violent de l’économie ; dans les dictatures, on cache le caractère économique de la violence. (Bertol Brecht)

« Ah ben mautadine, des belles bananes à 28 cents la livre ! Quand je pense que j’ai failli les payer 32 cents avant-hier. », s’exclame Indécis/NSP.

En palpant une courge spaghetti, Maïeutique Tousignant joue le rôle d’interlocuteur. « Tu trouves pas que c’est vraiment pas cher, mais dans le sens de vraiment pas cher. »

« Es-tu en train de me dire que ça fonctionne pas selon la loi du libre-marché avec un prix déterminé par le point de rencontre de deux axes (offre et demande) sur un graphique fait avec du papier quadrillé. Si c’est ça que t’es en train de me dire, mes cours d’économie au Cégep m’ont conduit inutilement sur la trail de l’endettement. », répond Indécis/NSP, en mastiquant une feuille de laitue organique.

« Je suis en train de le dire. », verbalise Maïeutique Tousignant en prononçant tous les « e » muets.

« Aratapeu toé là. Tu vas pas me dire que les Etats-Unis d’Amérique sont intervenus à plus d’une reprise dans le développement économique des pays latinos. Par exemple, en 1903, quand les Marines ont envahi le Honduras, leur objectif n’était donc pas de pacifier le pays, mais de permettre aux entrepreneurs de mettre la main sur les terres fertiles et les ports. Ceux-ci ont construit des chemins de fer qui servaient uniquement aux transports des marchandises. Ils ne payaient pas d’impôt. Leur pouvoir leur a toujours permis de maintenir le coût de la main-d’œuvre aux plus bas niveaux jusqu’à aujourd’hui. Même chose au Panama, au Guatemala, en Colombie et en Équateur. »

« C’est Ça qui est Ça, comme disait Freud à la fin de ses conférences. »

« Là je regarde mon deux kilos de sucre blanc et je me rappelle que 40 000 Marines ont pris d’assaut la République dominicaine en 1965. La population se révoltait contre la chute du prix du sucre. Déjà que les Américains avaient perdu le contrôle de Cuba et de ses plantations de canne à sucre en 59, il ne fallait pas risquer de perdre une autre source d’approvisionnement à bas prix. Un peu plus de 4 000 morts… »

« Oublie pas les interventions militaires au Mexique dans les régions riches en pétrole, la purification du Nicaragua et l’occupation en Haïti, chantonne Maïeutique Tousignant sur l’air de I just called to say I love you.

« Ou le financement américain du coup d’État qui a entraîné la chute de Salvador Allende au Chili. », murmure Indécis/NSP.

Un silence inhabituel envahit l’allée principale des fruits et légumes.

« La main invisible du marché serait en fait un éternel coup de pied au cul. », rajoute celui qui a cherché ses mots pendant un bref paragraphe.

« Tu viens d’accoucher de la Connaissance sans avoir besoin d’une césarienne dans le lobe frontal. », conclut Maïeutique Tousignant avant de jeter un œil sur sa poignée de coupons rabais.


« Bon ben, faudrait pas que j’oublie que mon véhicule utilitaire est parqué depuis deux heures devant le service à l’auto. », bredouille Indécis/NSP. « Repose-toi un peu en fin de semaine. La météo annonce partiellement nuageux avec des éclaircies en fin de journée. »

« Il se peut qu’un bon jour je me repose enfin. Jusqu’à ce jour, je poursuis mon parcours… Pour reprendre les paroles de Vadeboncœur ou était-ce plutôt le Vagabond ? Je te reviens là-dessus. »

3.5.06

Le lundi 01 mai 2006
La Bolivie nationalise les hydrocarbures
Agence France-Presse
La Paz

Le président de Bolivie, Evo Morales, a annoncé lundi la nationalisation de tous les hydrocarbures du pays, où l'armée a pris le contrôle des gisements pétroliers et gaziers.

Le chef de l'État a expliqué que les gisements d'hydrocarbures passaient désormais dans le giron de la compagnie publique nationale YPFB, lors d'une cérémonie à Carapari, dans le sud du pays.

«L'État récupère la propriété, la possession et le contrôle total et absolu de ces ressources», a déclaré M. Morales, donnant lecture du décret de nationalisation édicté par son gouvernement en vertu de la «souveraineté nationale»

APARTÉ BOLIVIEN

¿ Pourquoi parler de nationalisation dans un monde où tout le monde se mondialise ?

Voici ce qu’écrivait Irving Florman, ambassadeur américain en Bolivie, à ses patrons de la Maison Blanche, le 28 décembre 1950 : « Depuis que je suis arrivé ici, j’ai travaillé sans relâche sur le projet d’ouverture de l’industrie pétrolière bolivienne à la pénétration de l’entreprise privée américaine, et sur le projet d’aider notre programme de défense nationale à grande échelle. Je savais que vous seriez intéressés d’apprendre que l’industrie pétrolière de Bolivie et cette terre entière sont maintenant bien ouvertes à la libre initiative nord-américaine. La Bolivie est, par conséquent, le premier pays du monde qui a fait une dénationalisation, ou une nationalisation à l’inverse, et je me sens fier d’avoir accompli cette tâche pour mon pays et pour l’administration. » (Lettre retrouvée dans la bibliothèque du président Harry Truman)

En fonction des différentes ententes signées durant les années 50, la pétrolière Gulf avait obtenu, pour une période de 40 ans, un droit d’exploitation des puits de pétrole les plus riches du pays. L’État bolivien était partenaire dans les coûts d’exploitation, mais n’avait aucun contrôle sur les dépenses. Tous les risques étaient assumés par l’État. Par exemple, la Gulf récupérait la totalité de ses capitaux investis dans l’exploration d’un secteur si elle ne trouvait pas de pétrole. S’il y avait du pétrole, les coûts d’opération étaient automatiquement attribués au passif de l’entreprise d’État. Pour terminer, la Gulf s’était attribuée la propriété de tous les gisements de gaz naturel que personne ne lui avait jamais cédés… et le sous-sol bolivien contient beaucoup plus de gaz que de pétrole.

Comme le dit si bien le vieux Médée, entre deux contrats pour la revue RND : « J’te dis… Si y a pus moyen d’exploiter un Bolivien en paix, va falloir surexploiter les Péruviens. On aura pas le choix. »

2.5.06

Les écoliers de Buenos Aires pourront voir le Mondial.

Après trente jours, fin de la polémique. Le ministre de l’Éducation de la ville de Buenos Aires adopte la même position que son homologue provincial : les élèves seront autorisés à regarder les performances de l’Argentine durant le prochain Mondial de football en Allemagne. Plusieurs provinces voisines avaient déjà accordées cette permission, pour autant que l’activité contienne des objectifs pédagogiques, tandis que les autorités de la capitale fédérale hésitaient à modifier leur calendrier scolaire.

Le gouverneur de la province de Buenos Aires a participé à la résolution du conflit. Felipe Solá a déclaré, sur les ondes d’une radio nationale, que les établissements scolaires peuvent générer « un événement collectif où se discute à quoi sert le sport ». Il considère aussi que cette mesure évite que les enfants « soient désespérés de savoir comment se déroule la partie ».

Le premier match, face à la Côte d’Ivoire, aura lieu un samedi. Les élèves pourront assister dans leur classe au match qui opposera l’Argentine à la Serbie et Monténégro, vendredi 16 juin, et à l’affrontement contre la Hollande, le mercredi suivant. Si la sélection nationale se rend jusqu’à la finale, elle disputera quatre parties supplémentaires.