3.5.06

Le lundi 01 mai 2006
La Bolivie nationalise les hydrocarbures
Agence France-Presse
La Paz

Le président de Bolivie, Evo Morales, a annoncé lundi la nationalisation de tous les hydrocarbures du pays, où l'armée a pris le contrôle des gisements pétroliers et gaziers.

Le chef de l'État a expliqué que les gisements d'hydrocarbures passaient désormais dans le giron de la compagnie publique nationale YPFB, lors d'une cérémonie à Carapari, dans le sud du pays.

«L'État récupère la propriété, la possession et le contrôle total et absolu de ces ressources», a déclaré M. Morales, donnant lecture du décret de nationalisation édicté par son gouvernement en vertu de la «souveraineté nationale»

APARTÉ BOLIVIEN

¿ Pourquoi parler de nationalisation dans un monde où tout le monde se mondialise ?

Voici ce qu’écrivait Irving Florman, ambassadeur américain en Bolivie, à ses patrons de la Maison Blanche, le 28 décembre 1950 : « Depuis que je suis arrivé ici, j’ai travaillé sans relâche sur le projet d’ouverture de l’industrie pétrolière bolivienne à la pénétration de l’entreprise privée américaine, et sur le projet d’aider notre programme de défense nationale à grande échelle. Je savais que vous seriez intéressés d’apprendre que l’industrie pétrolière de Bolivie et cette terre entière sont maintenant bien ouvertes à la libre initiative nord-américaine. La Bolivie est, par conséquent, le premier pays du monde qui a fait une dénationalisation, ou une nationalisation à l’inverse, et je me sens fier d’avoir accompli cette tâche pour mon pays et pour l’administration. » (Lettre retrouvée dans la bibliothèque du président Harry Truman)

En fonction des différentes ententes signées durant les années 50, la pétrolière Gulf avait obtenu, pour une période de 40 ans, un droit d’exploitation des puits de pétrole les plus riches du pays. L’État bolivien était partenaire dans les coûts d’exploitation, mais n’avait aucun contrôle sur les dépenses. Tous les risques étaient assumés par l’État. Par exemple, la Gulf récupérait la totalité de ses capitaux investis dans l’exploration d’un secteur si elle ne trouvait pas de pétrole. S’il y avait du pétrole, les coûts d’opération étaient automatiquement attribués au passif de l’entreprise d’État. Pour terminer, la Gulf s’était attribuée la propriété de tous les gisements de gaz naturel que personne ne lui avait jamais cédés… et le sous-sol bolivien contient beaucoup plus de gaz que de pétrole.

Comme le dit si bien le vieux Médée, entre deux contrats pour la revue RND : « J’te dis… Si y a pus moyen d’exploiter un Bolivien en paix, va falloir surexploiter les Péruviens. On aura pas le choix. »

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