QUATRE JOURS ?
Le Carnaval de Rio s’est déroulé du samedi 25 au mardi 28 février. Officiellement, du moins. Vendredi 24, les festivités avaient déjà commencé à travers la Zone Sud de Rio. Accompagnés par des milliers de personnes en délire, une dizaine de blocos jouaient les traditionnelles sambas et marches du Carnaval.
Les images diffusées sur les chaînes d’information à travers le monde sont celles du grand défilé au Sambódromo. Durant les nuits de dimanche et de lundi, 14 écoles, à raison de 7 par soirée, présentent les résultats d’un entraînement intensif de neuf mois. Le Sambódromo est en fait une avenue du centre-ville bordée d’estrades permanentes. Le reste de l’année, ce sont les autos qui paradent sur l’avenue de la samba.
Pendant 80 minutes, les musiciens et la batterie jouent la même samba. Cette chanson-thème a été composée pour le Carnaval. Les costumes et les chars allégoriques illustrent les paroles. Cette année, l’école Vila Isabel a remporté la première position en célébrant la latino-américanité. Le président du Venezuela, Hugo Chávez, était l’un des principaux commanditaires. Durant le défilé, Vila Isabel a pu compter sur l’appui du crack argentin Diego Maradona, déguisé en Simón Bolivar, principal leader des guerres d’indépendance en Amérique du Sud.
Dans chaque école, environ 3500 participants sont répartis parmi l’une des 35 ailes. Aucun autre défilé à travers le monde ne fait étalage d’une telle démesure. Certains chars allégoriques ressemblent à ce que pourrait créer le Cirque du Soleil (avec une surdose de kitsch) : animaux géants articulés, fontaines, caravelles… Il est difficile de croire que ces écoles sont presque toutes situées dans des quartiers pauvres de Rio. En 2006, Rocinha, la plus grosse favela d’Amérique du Sud, était représentée parmi l’élite de la samba.
En plus du groupe spécial, il y a aussi les groupes A, B, C, D et E. Le fonctionnement ressemble à celui des divisions au football. Une douzaine d’écoles défilent dans chaque catégorie. Le gagnant du groupe A participe au défilé du groupe spécial l’année suivante.
Comme les billets pour le spectacle du Sambódromo peuvent coûter jusqu’à plusieurs centaines de dollars, la majorité de la population participe plutôt au Carnaval de rue. Les ensembles de musique les plus traditionnels existent depuis cinquante, soixante et même quatre-vingt-cinq ans. Leurs défilés attirent des foules supérieures à 150 000 personnes. Les conséquences olfactives sont assez désastreuses : tous les coins de rue du centre-ville sentent la pisse et les vidanges. C’est la meilleure façon de saisir par expérience la définition du mot fétide.
Au total, 400 blocos ont demandé une autorisation à la mairie pour jouer dans les rues de Rio. Autorisation ne signifie pas organisation. Oubliez les pancartes orange qui annoncent un détour 500 mètres à l’avance. Ici, les automobilistes découvrent par hasard que l’avenue principale est bloquée. Durant un défilé du lundi après-midi, je me suis retrouvé coincé au milieu d’une rue. D’un côté, le camion de la Police Militaire voulait se frayer un chemin. De l’autre, une ambulance essayait de se rendre à l’hôpital le plus près. Leurs sirènes combinées ne parvenaient pas à couvrir le son de la batterie. De façon parfaitement inutile, un policier faisait signe aux autos de se ranger sur le côté.
Dimanche, j’ai participé à un premier spectacle avec un groupe de pandeiro (tambourin). Le coin de rue où nous étions était bondé. C’en était difficile de jouer tellement ça se bousculait. Trois chanteurs ont interprété leurs compositions et celles des grands maîtres de la samba.
Pour conclure le Carnaval, mardi en fin de journée, le bloco Quizomba (le mien à moi) a défilé dans les rues du quartier Lapa. Réussite totale. La batterie était un noyau atomique autour duquel gravitaient des centaines d’électrons libres. Pendant un peu plus de deux heures, les spectateurs ont dansé et créé une ambiance survoltée. Les chanteurs, les guitaristes et le bassiste étaient perchés sur la plate-forme d’un camion. Sous leurs pieds, les caisses de son crachaient les décibels par centaines. Je n’avais jamais connu un pareil sentiment d’exaltation. Un vrai trip de rock star.
Mercredi premier mars : la programmation post-Carnaval incluait une douzaine de spectacles.
Samedi 4 mars : défilé des champions au Sambódromo.
Dimanche 5 mars : défilé de Monobloco. C’est le groupe qui pousse le plus loin les limites du style « musique de Carnaval ». Il jouit d’une très grande popularité. Trois membres fondateurs de Quizomba en font partie. 60 000 personnes ont accompagné la parade sur les plages de Leblon et Ipanema.
Je pense que là c’est fini pour de vrai.
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