26.12.05

REIN DE COCHON ET PATTES DE MOUCHE

Ça se passe à Montréal il y a quelques années.

Ce matin-là, je me réveille avec la sensation que je vais rater ma vie et manquer le métro en même temps. Ma copine dort encore. Je me dirige dans sa salle de bains. Au fond de la toilette, je remarque que le liquide jaune n’est pas tout à fait jaune. Il y a des traces de sang.

Toujours en quête de nouvelles expériences culturelles, j’étudiais les effets de la polygamie. En bon disciple de la psychanalyse, je me suis dit que la culpabilité s’était frayé un chemin jusque dans le canal famille.

Je vais cinq fois aux toilettes durant l’avant-midi et il y a toujours du sang.

Panique. Baisse de tension pendant que je prends ma douche. Le jet d’eau en plein visage, je reste couché au fond de la baignoire une dizaine de minutes.

C’est par où l’autoroute de la guérison ? Faut-il que je confesse mes péchés ou bien que je confie mon corps à la science ?

Je me rends chez le médecin sous une pluie torrentielle.

En cours de route, j’imagine en détails comment se déroulerait l’opération durant laquelle on me grefferait un rein de cochon. Est-ce que je pourrais toujours me marier avec une juive ? Le rabbin aurait-il des objections de conscience ?

Dans la salle d’attente de la clinique sans rendez-vous, j’en profite pour lire le magazine Dernière Heure. À moins de tomber sur un reportage à propos du mariage de Denise Bombardier, j’allais certainement réussir à me détendre. J’y apprends l’histoire de ce jeune gay de 18 ans qui a fait une mauvaise rencontre sur un site de blind date virtuel.

Son cupidon arrive chez lui à Laval dans une limousine. Il se présente comme étant Frank Paramount, propriétaire des studios de cinéma du même nom. « Je trouvais ça bizarre qu’il parle français avec un accent d’Hochelaga, mais je me suis pas trop posé de questions. » Après quelques sorties pendant lesquelles Frank Paramount fait étalage de sa richesse, celui-ci propose à son nouvel ami de lui confier ses économies. Il serait en mesure de les faire fructifier en quelques mois à peine. La sœur du jeune homme ne va pas manquer pareille occasion. Frère et sœur remettent les quelques milliers de dollars de leur compte-épargne. Depuis ce temps, Frank Paramount ne répond plus aux courriels…

Le docteur ne me dit pas son nom. Il pose deux-trois questions. Il examine un échantillon. Pas de trace d’infection. Il en arrive à sa conclusion : test d’urine complet à l’hôpital Jean-Talon.

Trois jours plus tard, quand je retourne à la clinique pour obtenir les résultats, les symptômes se sont dissipés. Le docteur pas de nom m’affirme qu’il n’y a rien d’anormal. Tout est beau. Le taux d’acidité est au bon niveau.

F. N., à qui j’avais envoyé un courriel où je décrivais mon agonie en Times New Roman 14 points, F. N., qui a le diagnostic facile et qui développe des symptômes couleurs de la sclérose en plaques encore plus vite qu’un labo photo express, F. N., le soir où elle revient de ses vacances en Espagne, me demande comment ça va.

« Oui mais as-tu mangé des betteraves la veille ? »

Oupelaïlaï…

C’était un mémorable épisode d’hypochondrie. Un parmi tant d’autres. Je vais éviter d’exposer le raisonnement qui m’a conduit à passer un examen de la vessie un vendredi matin 8H10 à l’hôpital St-Mary’s. Une longue histoire…

Au Brésil maintenant…

Depuis quelques temps, je remarque la présence régulière de curieuses lignes derrière mes mollets, presque à la hauteur des genoux. Il y en a une dizaine sur chaque jambe, d’une longueur de deux ou trois centimètres. Elles finissent toujours par s’estomper, mais elles réapparaissent le jour suivant.

J’essaie de voir une relation entre les piqûres d’insecte sur mes pieds et les mystérieuses grafignes. Les piqûres se produisent durant la nuit ou à l’aube. Elles ne vont pas plus haut que la cheville. Je ne sais pas si ce sont des mouches ou des araignées qui s’amusent à me mordre. Si j’étais capable de le remarquer, je pourrais en tenir compte dans l’élaboration de mes scénarios. Sans doute des petites mouches noires.

Quand je me promène dans les rues de Rio, je remarque souvent des gens qui ont des problèmes de santé, sans doute bénins au départ, mais, faute de traitement, ceux-ci sont devenus de véritables handicaps. Par exemple, cet homme qui avait les jambes tellement enflées qu’il n’était plus capable de marcher. Pas très loin de chez moi, il y a un sans-abri qui se promène toujours le ventre à l’air. Vis-à-vis le foie, il a une espèce d’enflure purulente. Je n’ose jamais observer en détails sa blessure.

Dans mon cas, après avoir éliminé les hypothèses les plus sérieuses (infection cutanée intermittente, problème de circulation sanguine, déficience du système immunitaire…), je parviens à établir une correspondance entre la forme des lignes et les motifs du divan-lit.

Ah ben oui, c’est logique. Je passe beaucoup de temps à lire et prendre des notes assis dans le salon.

Heureusement, je m’en suis rendu compte avant de remplir une réclamation d’assurances.

Tout de même, je n’ai pas pu m’empêcher d’alerter une serveuse d’un resto où je vais souvent. J’espère juste qu’elle ne va pas revenir sur le sujet.

1 commentaires:

À 9:33 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Pour tes piqûres nocturnes: seraient-ce des piqûres de punaises? Tu sais ces bestioles aux moeurs sexuelles dépravées? Elles adoptent allègrement le lit comme site de chasse à la femelle et atterrissent surtout sur le bas des jambes de ceux et celles qui y dorment. Il est intéressant de connaître leurs moeurs: les mâles punaises sont dotés d'un pénis corné et sont affligés de priapisme. Ils passent le plus clair de leur temps à sauter partout et à enfoncer leur pénis dans tout ce qui leur semble suffisamment tendre pour être une femelle (d'où leur méprise avec nos mollets...). Les femelles punaises, les pauvres, sont attaquées par les mâles et possèdent non pas une vulve, mais trois vulves pour parer les assauts plutôt aléatoires des mâles. De plus, si le pénis d'un mâle parvient à percer la carapace d'une femelle, le liquide déversé n'est pas perdu puisqu'il est acheminé par le "sang" jusqu'aux organes reproducteurs adéquats (à nous, ça nous donne des rougeurs et des démangeaisons).
Alors voilà, peut-être que tes piqûres sont causées par un punaise mâle en rut qui manque de visu.
À+
Genevieve

 

Publier un commentaire

S'abonner à Publier des commentaires [Atom]

<< Accueil