8.11.05

L’ACCENT BRÉSILIEN

Prenez une jolie Brésilienne de 27 ans. Imaginez qu’elle déambule sur la rue à Ipanema par une journée ensoleillée. Elle demeure indifférente à toute l’agitation sur la plage. Portez maintenant attention à sa démarche.

Au moment où s’effectue le transfert de poids d’une jambe à l’autre, sa fesse (gauche ou droite selon le pas) atteint un point précis hors du schéma classique de déhanchement. Du jamais vu pour l’étranger de passage.

Voilà où se trouve l’accent brésilien : cet instant minuscule durant lequel l’esprit se demande si la fesse va retomber ou se maintenir en suspension pour l’éternité.

Ce défi constant aux principes fondamentaux de la physique donne le vertige et le goût de se réfugier dans la barbe d’Hubert Reeves. Ici au Brésil, la loi de la gravité serait-elle aussi facile à contourner qu’un sans-abri couché sur le trottoir ?

La fesse brésilienne ne se confond pas avec son homologue colombien ou argentin. Elle caractérise le pays au même titre que le Carnaval, le football et la prostitution juvénile. Cette parfaite rotondité mériterait d’être reconnue par l’Unesco comme faisant partie du patrimoine mondial.

Selon un récent sondage, il y a plus de femmes complexées par leur bumbum (prononcez boumboum) que par leurs seins. La question sur laquelle je me suis penché (enfin pas trop sinon ma copine ne voudra plus que j’appelle à frais virés) est la suivante : quel est le lien entre l’accent brésilien et la samba : est-ce à cause de la démarche que les filles dansent comme ça ou est-ce la samba qui affecte la démarche ?

Bien entendu, dans un pays où l’hiver tombe toujours mardi ou mercredi matin, on peut se permettre de donner plus d’amplitude à son déhanchement. Le Facteur Vent fait partie du folklore populaire. On brandit cette menace pour faire peur aux enfants : « Si t’es pas sage, le Facteur Vent va passer. » C’est l’équivalent du Bonhomme Sept Heures ou de maître Guy Bertrand.

Le bumbum brésilien n’a pas à lutter contre les bancs d’auto congelés et les fronts froids du Nord-Est. Il n’a pas à tenir ses deux parties serrées l’une contre l’autre avec l’espoir de garder sa chaleur.

Autre constatation empirique : Les jeans trop serrés sont un carcan qui étouffe l’expression naturelle de la fesse native de Rio, de São Paulo ou de Porto Alegre. Noam Chomsky y verrait un symbole : l’impérialisme américain qui contrôle la fougue brésilienne.

À l’opposé, le bikini g-string donne toute la latitude voulue. Quand j’ai un g-string sous les yeux, alors que le commun des mortels saisiraient l’occasion de se rincer l’œil à coup de 20 gallons d’eau frette et de murmurer « Tic, tac, toe dans le Winnebagow. », je ne vois rien d’autre qu’un vêtement écologique : un minimum de tissu et un frein au gaspillage de ressources naturelles comme le Spandex.

Au risque de me perdre en conjectures et de devoir rentrer à la maison en taxi avec un chauffeur qui se croit la réincarnation d’Ayrton Senna, j’ai cherché réponse à mon interrogation.

J’ai bien tenté d’obtenir un financement de l’ACDI pour résoudre cette question. Ils ont répondu à ma demande en m’envoyant un t-shirt. J’avais adressé mon courriel au fan club d’AC/DC.

Je devais me débrouiller par moi-même.

Dimanche dernier, je me suis rendu au Quintal da Tía Glória (le jardin de Tante Gloria). Une fois par mois, cet espace culturel, situé au sommet d’une colline et à côté d’une église historique, organise des spectacles de samba.

Comme ça se déroule le dimanche, pour une fois le show ne débute pas à minuit. Il y a environ 400 personnes sur la terrasse qui chantent et dansent au son de mélodies que tout le monde connaît par cœur. Le groupe s’appelle Batuque na cozinha (littéralement Rythme dans la cuisine). La soirée entière est un art de vivre.

Le lendemain matin, la question demeure sans réponse. En fait, c’est un peu comme l’œuf-bacon-creton ou la poule. De toute façon, la question n’a pas d’importance : rhétorique inutile pour universitaire endetté.

Et moi, sur la piste de danse, je reste pogné avec mon accent québécois.

4 commentaires:

À 2:53 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Étrange, j'aurais cru que les fans d'AC/DC voulaient en apprendre plus sur la gravité de l'accent brésilien ;)

Et au quotidien, y se passe quoi?
Maxime

 
À 11:13 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Bonjour Dominic,

Quelle découverte! En tentant de taper l'adresse de ton blogue par coeur, j'ai fait Dominic Turgeon et je suis tombée sur un homonyme.

http://dominicturgeon.blogspot.com/

Il parle du Pérou. Tiens. un point commun. Autre point commun : gageons qu'il ne déteste pas la fesse brésilienne lui non plus. ;)

Salut de Québec, l'ami,
j'écris pas souvent, mais je te lis!

Valérie xx

 
À 11:25 a.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Parlant de fesses, on a un nouveau chef du PQ qui les aime masculines. Bientôt le PLQ va mettre sur pied un programme de destruction massive de Boisclair, je ne serais pas surprise d'apprendre qu'il aime les fesses poilues, qu'il s'est payé des prostitués sur d'Aiguillon et qu'il a sniffé sa coke dans les toilettes du Drague.

Statistique brésilienne qui m'interpelle: 40% des brésiliennes ont recours à la césarienne.

Paraît aussi que la fameuse fesse brésilienne est souvent siliconée. Cela expliquerait pourquoi elle résiste si bien à la gravité.

À +
Genevieve (pas la tienne, celle à Simon) xxx

 
À 5:20 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Dominic, quel texte délicieux!

Je vais dire comme Valérie, je n'écris pas beaucoup, mais je te lis souvent! Là, j'ai vraiment adoré ma lecture, je vais reprendre ça depuis le début de temps en temps.
Tchau!
P.S., je commence un peu à comprendre quelques mots de Quincas Borba! Je ne désespère pas.

 

Publier un commentaire

S'abonner à Publier des commentaires [Atom]

<< Accueil