- Comme ça... tu écris. Est-ce que ça marche bien ? - Disons que je roule sur l'accotement de l'autoroute du succès. Je me présente à l'appartement pour 9 heures. La proprio simule un intérêt pour ce que je fais et dit ensuite de me présenter à 10 heures au bureau de son avocat. Il a en main le contrat de location. - Oui mais... pourquoi vous m'avez fait venir ici au lieu de me donner l'adresse du bureau ? J'ai déjà visité l'appart. (Bon... une autre qui est en chicane avec le gros Bon Sens.) - On va se revoir demain. - Je pensais pouvoir rentrer aujourd'hui. - C'est qu'il faut faire le ménage... - L'endroit a ben de l'allure. Ça devrait pas être trop long. - ... Je devrais terminer vers 17 heures. - Quoi ! 9 à 5. Même moi je pourrais faire ça en un avant-midi. - Il va falloir que je sorte et que je rentre plusieurs fois pour acheter ce qui manque : savon, papier de toilette... - Justement si vous sortez une seule fois, vous allez pouvoir tout faire en 2 heures. À 10 heures, l'avocat n'est pas dans son bureau. Son fils m'invite à patienter. Quand il est perdu dans ses réflexions, on jurerait qu'il est sur le point d'inventer l'eau en poudre. Un autre avocat tape une lettre à l'ordinateur en utilisant seulement deux doigts. Il n'arrête pas de se parler tout seul. Je crois qu'à sa naissance il y a eu une erreur médicale : le docteur a jeté le bébé et envoyé le placenta à la pouponnière. Un avocat du troisième âge arrive au rendez-vous avec 30 minutes de retard. Je parie qu'il va me sortir l'excuse du problème de prostate. Je rentre dans son bureau, le Sanctuaire du Brun : une déclinaison parfaite : du brun cacao au brun Revel-O en passant par le brun Léziboy-chez-Mario. À 10 heures 45, la secrétaire salue son patron et s'installe à sa table de travail. Ils sont quatre dans un bureau de 3 mètres par 5. Je passe une heure et demie à négocier le prix de l'appart pour la haute saison. Les prix grimpent aussi vite que... (il y a un trou parce qu'une gang de rue m'a volé le punch). Derrière le fauteuil de l'avocat, il y a un miroir de deux mètres par deux (sans doute pour donner l'illusion que la pièce est plus grande). Je peux m'observer pendant que je gesticule et porter attention à mon nez luisant, parce qu'à 40 degrés la production de sébum est pas mal au maximum. Comme je dois présenter mes documents officiels, qui sont à l'hôtel, l'avocat fixe un rendez-vous pour conclure l'entente. Il me propose le lendemain 10 heures. Son fils intervient et lui rappelle qu'il a d'autres obligations. Je dépose une contre-offre : à 16 heures aujourd'hui même. Tout le monde est d'accord. Quand je reviens en après-midi, l'avocat m'accompagne au rez-de-chaussée pour faire une photocopie de mon passeport. - On va se revoir demain pour continuer le processus. - Quoi? J'ai marché une demie-heure pour venir faire une photocopie. - On va tout régler demain à 10 heures. - Mais tantôt votre fils a dit que vous aviez d'autres choses à faire durant l'avant-midi. - Non, non. Il y aura pas de problèmes. Je lui demande subtilement s'il approche de la retraite. - Ça fait longtemps que vous êtes avocat ? - Environ 10 ans. - Pas plus ! - Avant j'étais ministre évangélique de l'église Baptiste. - Ah... sti. - Quoi ? - C'est original une seconde carrière à 55 ans. - Es-tu praticant ? - Dieu merci, je suis agnostique. Au pays de la margarine à la cannelle, il faut s'armer de patience à défaut de pouvoir s'offrir un fusil semi-automatique. Le lendemain... L'avocat n'a que 20 minutes de retard. À ma grande surprise, nous pouvons conclure l'entente en moins de deux heures. Avant de se quitter... - Mon collègue avocat parle toujours beaucoup. Faut pas lui en vouloir. C'est parce qu'il a déjà souffert d'artério-sclérose. - Euh... Ah ouin. Me voilà chez moi. D'ici, je peux voir le Pão de Açúcar, une offrande de Dieu à l'industrie de la carte postale. P.S. Il y a un divan-lit pour ceux qui souhaiteraient venir faire un tour. |
2 commentaires:
Aïe! aïe! aïe!
C'est pas beau la publicité insidieuse générée automatiquement!
J'ai entendu la nouvelle du référendum sur les armes à feu à Rio, tu nous racontes?
Tout ce qu'il manque à tes billets pour qu'on y soit tout à fait, c'est une bière glacée que tu nous verserais à travers l'écran! Quoique les pieds sur le calorifère et les mains dans les mitaines, je ne l'apprécierais peut-être pas autant que ma Guinness tablette!
Alors, te voilà chez toi! Sans coloc, seul comme un grand en attendant ta douce? À manger de la margarine à la cannelle? Non, non, tu ne dois pas en manger, ça doit être cancérigène cette affaire-là!
Peu importe, j'espère que tu t'y plais et que de ce nouvel habitant, tu auras l'inspiration pour continuer à écrire d'aussi agréables billets, mais aussi, ton prochain roman.
Au plaisir de te lire.
Isabelle
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