O TREM DO SAMBA
(Le train de la samba)
Depuis 10 ans, la ville de Rio souligne la journée nationale de la samba en organisant une série de spectacles dans la banlieue d’Oswaldo Cruz. La fête dure toute la soirée et la nuit du 2 au 3 décembre.
La meilleure façon de s’y rendre est de prendre le train à partir de la Central do Brasil, la principale gare de Rio. Chaque jour, 600 000 personnes traversent les quais. Parenthèse : C’est là que se déroule le début du film Central do Brasil (Gare centrale). À voir ou à revoir.
Pour l’occasion, quelques groupes de percussion jouent à l’entrée des accès vers le hall principal. Les sons se répercutent sur les murs d’une hauteur d’environ 30 mètres, se mélangent aux voix des milliers de personnes et créent une véritable tempête de bruits. Rio de Janeiro est la capitale mondiale du chaos sonore. Il faudra que je revienne là-dessus.
Le train et la musique sont des composantes traditionnelles des communautés noires du Brésil. D’un point de vue historique, la samba a commencé en 1917, année où Donga et Mauro de Almeida ont enregistré la chanson Pelo Telefone. Durant les années 20 et 30, au retour du travail, les musiciens se réunissaient dans un même wagon pour chanter et jouer de la samba. Cet endroit était le véritable siège social des écoles de samba.
L’objectif principal du Trem do Samba est de faire découvrir la musique produite dans les banlieues de Rio. C’est aussi une façon d’inviter les habitants à découvrir une partie de la ville associée presque uniquement à la violence.
Au total, cinq trains vont jusqu’à Oswaldo Cruz. Ils ont une longueur de six à huit wagons. Dans chacun, il y a un groupe de pagode, un des différents styles de samba (il existe aussi la samba de breque, la samba de terreiro, la samba de partido alto et la samba de enredo). On retrouve des représentants des principales écoles de samba à Rio : Império Serrano, Salgueiro, Vila Isabel, etc. S’agit de choisir selon ses préférences.
Le voyage dure environ 30 minutes. Avant même le départ, l’ambiance est déjà survoltée. Les musiciens interprètent des chansons que tout le monde connaît par cœur. Pour faire rentrer le plus de monde possible dans le wagon, les Brésiliens se tiennent debout sur les bancs. Pour marquer le rythme, on tape sur le plafond et les côtés. Le train est rempli au double ou au triple de sa capacité. C’est étonnant à quel point le corps humain peut dégager une telle variété d’odeurs : musc, vanille, cèdre… Durant le trajet, j’ai l’impression qu’à force de sauter sur place nous allons faire dérailler le train.
En plus des trois scènes principales, il y a une vingtaine de groupes éparpillés dans les rues aux environs de la station Oswaldo Cruz. Les musiciens sont installés devant des restos, des bars, des boulangeries…
Même s’il pleut pendant la majeure partie de la nuit, ça n’affecte en rien la bonne humeur collective. La samba n’arrête pas. Quand un guitariste ou un percussionniste est fatigué, il cède sa place à un autre musicien. S’il a faim, il peut se taper un churrasco : saucisses ou brochettes de viande cuites sur la braise. À quatre heures du matin, voilà le moment idéal pour bouffer une brochette de crevettes avec de la lime.
Oui, c’est le party. Sans aucun doute la meilleure manière de réveiller les fantômes du passé et de maintenir active la mémoire d’un peuple.
1 commentaires:
Quel agréable billet! J'aurais envie d'aller fêter cette journée un de ces quatre. En fait, en ce début de décembre, après un mois de novembre épouvantable (la grisaille était au rendez-vous, y'a pas à dire), j'aurais juste envie d'être au soleil, de flâner dans un marché en plein air et, pourquoi pas, d'apprendre à danser la samba!
Isabelle
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