3.1.06

T’AURAIS PAS ÇA 10 CENNES ?

Vers 5 heures 45 du matin, il y a encore des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Copacabana. Beaucoup moins qu’à minuit pour les feux d’artifice. Entre un et deux millions de personnes, touristes et Cariocas da gema **, ont célébré l’arrivée du nouvel an sur la plage de Copacabana.

Je salue mes amis (un conglomérat international : Suisse, Brésil, Portugal et République dominicaine) et je grimpe à bord d’un des nombreux autobus en circulation. En fait, tellement nombreux, que j’en oublie ma résolution d’arrêter de maudire toute la civilisation occidentale quand le trafic est trop lourd. Par chance, le numéro 433 est équipé d’un système d’air climatisé (le progrès tel que je l’aime… la transpiration est la belle-mère de certaines inventions.)

Au mois de décembre, le maire de Rio, Cesar Maia, a autorisé une augmentation de dix centavos pour les autobus de la ville. Elle entrera en vigueur le sept janvier 2006. Un passage coûte maintenant 1,90 reais. Au mois d’avril 2005, le tarif était passé de 1,60 à 1,80 reais.

Les parcours d’autobus appartiennent à des compagnies de transport privées. Au contraire des taxis jaunes, les véhicules ont des couleurs différentes selon leur propriétaire. C’est toujours un autobus rouge qui va vous conduire à Vila Isabel, ce qui augmente les chances d’attraper le bon, parce qu’à la vitesse où ça roule, l’apprenti Carioca peut facilement se tromper.

Il n’y a pas de système de billets ou de laissez-passer. Au mieux, l’usager peut se procurer une carte de débit électronique, valide pour une seule compagnie. Le chauffeur ne s’occupe pas de l’argent. Cette tâche revient au percepteur qui l’accompagne. Aucune réduction n’est accordée selon le nombre de voyages. Tarif fixe.

(Le coût des assurances pour les proprios d’autobus doit être exorbitant. Leurs flottes sont souvent la cible d’attaques. Par exemple, en signe de représailles suite à une opération policière dans une favela. En moyenne, un autobus est détruit à chaque deux semaines. Durant les récentes émeutes sur le territoire français, un journal a mis à la une la photo d’un autobus en flammes : « Non, pour une fois, ça ne se passe pas à Rio. »)

Les milliers de travailleurs, dont le salaire équivaut au minimum mensuel, soit environ 360 reais (180$CAN), sont des habitués du transport en commun. Pour beaucoup d’entre eux, la semaine de travail comporte six jours. Comme c’est le cas pour les employés de restaurants et d’épiceries qui travaillent pas loin de 48 heures hebdomadaires.

Si une serveuse effectue un aller-retour 24 jours par mois, elle débourse 14,40 reais supplémentaires en comparaison avec le mois de mars dernier. La situation est pire pour le travailleur de la Zone Ouest qui doit prendre deux autobus jusqu’à la Zone Sud ou au centre-ville : presque 30 reais de moins dans ses poches.

Avec un budget mensuel très sensible aux dépenses imprévues, cette différence ne favorise pas une augmentation de l’indice de qualité de vie, tel que défini par l’Organisation des Nations Unies.

À 2,25 reais, le métro avec air climatisé (deux lignes qui desservent les Zones Nord et Sud) est une solution de rechange plutôt coûteuse. Ce ne sont pas tous les travailleurs qui ont les moyens de prendre le métro à chaque jour.

Dommage, parce qu’il est très efficace. J’aurais dû le prendre pour revenir de Copacabana. Ma résolution tiendrait toujours.

** Carioca : habitant de Rio ; Carioca da gema : Carioca authentique, natif de la ville.



Supplément du nouvel an : quelques infos pour mieux me situer dans le quotidien.

DU PLUS PETIT AU PLUS GRAND

Conjugado au huitième étage : petit studio meublé où j’habite (bientôt nous). Le salon – principal lieu d’activité cérébrale – est séparé de la chambre par une paroi avec de grandes ouvertures. Jusqu’à midi, le soleil frappe en plein sur la fenêtre panoramique de la chambre. La cuisine est minuscule. Il n’y a pas de place pour plus d’une pizza extra-large (et encore, faut la faire cuire en deux moitiés). Je passe beaucoup de temps dans mon appart à lire et écrire.

Édifice Santa Barbara : building de dix étages dans lequel se trouve le conjugado. Il doit y avoir environ 60 logements. Phénomène typique des grandes métropoles : en près de 3 mois, je n’ai jamais rencontré mes plus proches voisins. Très tranquille. Le premier janvier, en revenant chez moi de Copacabana, j’ai croisé un homme sur la rue. On s’est mis à discuter. Quand je lui ai dit que j’étais écrivain, il m’a conseillé deux ou trois lectures. Nous avons constaté que nous habitons dans le même édifice. Lui au septième et moi à l’étage supérieur. Pour rajouter à tout ça, Luis a étudié avec le musicien qui dirige mon groupe de percussions. Il m’a invité à écouter de la musique populaire brésilienne. Malgré la fatigue, il voulait me faire partager quelques bonnes pièces de samba.

Rua do Catete : rue commerciale, peuplée de marchands ambulants, offrant tous les services pour assurer la survie de l’étranger : épicerie, accès au métro, café, restos, bar, librairie, pharmacie, internet… J’ai mes habitudes dans plusieurs de ces endroits. À 3-4 minutes de mon appart, il y a le musée de la République, qui était, jusqu’à la fin des années 50, le siège du gouvernement. Mon quartier était le centre politique du pays avant le déménagement de la capitale à Brasília. Ça ne se voit pas au premier coup d’oeil.

Glória : quartier populaire de la zona Sul. Moins densément peuplé que des quartiers comme Copacabana et Tijuca. Ça reste urbain et bruyant. De là, je peux me rendre à pied dans Lapa (groupe de percussion) et Laranjeiras (cours de tambourin). Pas loin, se trouve Santa Tereza, un des seuls quartiers bâtis sur un mont qui ne soit pas une favela. Le centre-ville, milieu des affaires, est aussi accessible à pied.

Zona Sul : un des 4 grands secteurs de Rio. Les autres sont le Centro, la Zona Norte et la Zona Oeste. Si la Zona Este existait, elle tomberait en plein milieu de l’océan. C’est dans la Zona Sul qu’on retrouve les quartiers les plus riches, à proximité des plages comme Ipanema, Leblon et Sao Conrado. Je me tiens surtout dans cette partie de la ville. Dans les quartiers les plus au nord, où j’ai passé Noël, il y a peu de choses à voir. Ce sont des quartiers résidentiels pas très jolis. À tous les jours, je vais sur la plage de Flamengo, à cinq minutes de chez moi. J’en profite pour faire quelques exercices de biceps sur les barres horizontales et verticales.

Rio de Janeiro : à la fin mars, il faudra aller vers d’autres cieux, à l’extérieur du territoire brésilien. Le visa de tourisme va expirer. Je ne sais pas encore si je pourrai revenir cette année. Les informations sont contradictoires. À discuter avec la Police Fédérale. Argentine, Uruguay, Paraguay…

Brésil : endroit magnifique où passer quelques mois de sa vie. Je profite de l’expérience à tous les jours.

1 commentaires:

À 12:50 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Salut!

MERCI! Dominic pour ces détails géographiques du micro au macro!
Depuis ton arrivée au Brésil je tente beaucoup de m'imaginer ton quotidien et ton voisinage, ce message m'a aidé à mieux me le figurer!
J'aurais aimé être un petit oiseau pour aller écouter ces pièces de samba chez ton voisin au p'tit matin....Une belle façon de commencer l'année!

Un autre belle façon de «starter» 2006 a été de répondre au téléphone et d'entendre ta voix souaiter «BONNE ANNÉE» peu après minuit, heure du Québec!!

Merci encore pour ce coup de fil et BONNE ANNÉE!!!!!!

Val xx

 

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