22.3.06

LES IRRITANTS.


Même si la nature m’a doté d’une extraordinaire patience que les experts en génétique aimeraient bien isoler dans mon ADN (ça prendrait juste une biologiste exilée à San Diego pour me contredire), en plus d’une ouverture d’esprit exceptionnelle qui ferait se retourner Gandhi au fond du Gange, il m’arrive d’être incapable d’exercer mes vertus avec certaines créatures qui croisent mon chemin.

Les poodles.

Le poodle est plutôt tendance à Rio. J’ignore pourquoi. Un chien blanc dans une ville remplie de vidanges me semble aussi incongru que la présence de Macha Grenon dans un bon téléroman. C’est salissant. Quoi de pire qu’un poodle crotté sur une plage ? Facile. Un poodle vieillissant avec des saletés au coin des yeux, avec les poils disparus autour de l’anus à force de léchage prolongé et avec quatre bottines en feutre rose.

Les pigeons.

Eh oui ! Rio de Janeiro est peuplé de pigeons. Ils sont aussi nombreux que les évangéliques. Sur la branche d’un palmier ou au milieu du Carré Berri, cet oiseau ne possède aucun charme. Je déteste leur manière insupportable de bouger la tête comme si ces misérables gibiers à plumes fredonnaient sans cesse « Walk like an Egyptian ». Si la Police Militaire s’acharnait autant sur les pigeons que sur les pauvres, le problème pourrait sans doute être réglé.

Les gens qui nourrissent les pigeons.

Si je confiais à mon voisin, l’ami des oiseaux, que je regrette le bon vieux temps de la peste noire – « Ah ! Ces soirées tranquilles durant lesquelles mon grand-père brûlait le corps des victimes. Le sang qui bouille, le crépitement des os, la graisse qui explose comme du pop-corn… Nous attendions de voir apparaître la braise pour faire griller nos mâchemollos. Quelle époque bubonique, pardon, bucolique ! » –, mon voisin cesserait sans doute de me prêter sa collection de télé-horaires. Nourrir des pigeons est aussi malsain que gaver des rats avec de la quiche aux asperges. Ces volatiles exécrables sont de véritables foyers de maladies infectieuses. On va bientôt découvrir que la grippe aviaire a été inventée par des pigeons.

Les baratas, alias les coquerelles.

Il y en a de tous les formats au Brésil. Les plus grosses possèdent des habiletés physiques certaines: elles sont plus actives qu’un conseiller d’arrondissement et n’ont pas besoin de pause-café. Leur démarche rappelle vaguement celle de Pascale Montpetit dans les Filles de Caleb (ça y est… je suis fait… je vais imaginer Arlette Cousture en bikini pendant toute la journée). Les baratas sortent la nuit, à la recherche d’un morceau de riz collé sur une fourchette mal rincée. Quand on les prend sur le fait, elles vous regardent la tête penchée, pour paraître cute comme un chiot, l’air de dire « c’est-pas-ma-faute-j’fais-juste-exécuter-mon-programme-cérébral ». Lorsqu’elles comprennent que tout est perdu, le message change de ton : « De toute façon, ton riz est pas mangeable. Combien de fois faut te le répéter, deux tasses d’eau pour une tasse de riz. ». Pas de pitié. La sandale de l’Apocalypse va te transformer en écrapou de barata.

1 commentaires:

À 5:28 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Aaaaaah! ah! ah! ah!

Tu me fais vraiment rire!!!! Toutes tes histoires sont hilarantes: la petite terroriste qui te surveille, les pigeons, les coquerelles, les poodles; toi, patient! C'est preque aussi drôle que les copies de mes étudiants!!
Je m'arroge le droit de contester, même si je ne suis ni biologiste ni exilée à San Diego ;-)

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C'est un peu étrange ces mots de vérification qu'il faut entrer pour pouvoir laisser un commentaire: le mien, en ce moment, est "Murder". Ça me rappelle un peu trop Jack Nicholson dans "The Shining". Au moins c'est bleu, pas rouge.

 

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