1.6.06

ACONCAGUA, USPALLATA, TUPUNGATO ET AUTRES MOTS DE 4 SYLLABES.

43 jours à Mendoza (Argentine) et toujours pas une goutte de pluie…

Comme se plaisait à hurler mon ex : « Même si tu habites au centre-ville, tu réussis à être toujours dans le champ. » (Le substantif dragon décrivait plus que son signe astrologique chinois).

Et moi de rétorquer : Rappelle-toi ce que disait cet écrivain, traduit aussi souvent en justice qu’en espagnol : « Tes commentaires sarcastiques sont des enveloppes vides dans le guichet automatique de mon esprit. »

Ce que disait l’homme de la rue à la femme qui fait le trottoir était prophétique : « Cette histoire va se terminer dans un cul-de-sac. » Enfin…

Je pourrais lui dire aujourd’hui que j’habite au centre-ville de Mendoza et que je suis toujours dans les montagnes.

Presque toujours.

Mendoza est à une centaine de kilomètres de la cordillère des Andes. De la ville, il n’est pas possible de voir l’Aconcagua – la plus haute montagne des Amériques (6954m d’altitude) – parce qu’une autre chaîne de montagnes, la Sierra de Uspallata, se trouve entre les deux.

Mendoza est la capitale de la province du même nom. Les rues de la ville, distribuées sur une surface entièrement plane, sont construites selon un plan cartésien : à angle droit, dans les axes Nord-Sud et Est-Ouest. Les Mendocinos semblent davantage fascinés par le Code Da Vinci que le code routier. Ils seraient incapables de reconnaître notre fameux « Arrêt Stop ». Aux nombreuses intersections où il n’y a pas de feux de circulation, aucune règle précise ne s’applique. Chaque automobiliste ralentit plus ou moins et évalue s’il a le temps de passer. La situation encourage le piéton à réviser à voix haute sa check-list de vocabulaire sacré.

Si ce n’était de l’irrigation, les terres de Mendoza seraient désertiques. La situation se compare à celle d’Osoyoos (ceux qui ont déjà cueilli des fruits dans la vallée de l’Okanagan vont avoir une idée). Il y autant de variétés de cactus que de cépages. Pour la culture des vignes, la situation climatique est idéale. Peut-être avez-vous déjà remarqué que les vins argentins ont une forte teneur en alcool (je le constate trop souvent au goût de mon Surmoi). C’est le résultat de centaines d’heures d’ensoleillement : les raisins sont gorgés de sucre comme nulle part ailleurs.

On peut se contenter d’observer les montagnes, dont les sommets seront bientôt enneigés, en restant les deux pieds plantés dans un champ de raisins et en dégustant les grappes que les cueilleurs ont oubliées – la cuvée 2006 mûrit à l’intérieur de tonneaux de chêne à 1000 Euros l’unité. Ce panorama enrichit les fabricants de carte postale.

Sinon, pour les esprits radicaux, de novembre à mars, il est possible de s’attaquer à l’Aconcagua. L’ascension ne demande pas d’habiletés techniques d’alpinisme. Avant tout, il faut la détermination et une bonne forme physique.

Des centaines de kilomètres de sentiers sont accessibles aux aventuriers. Un autre objectif intéressant est le volcan Tupungato, le plus haut sur toute notre planète. Difficile de se rendre au sommet, mais facile à admirer. Il est fort possible qu’un condor s’immisce dans votre champ de vision durant cette exercice de contemplation.

Les montagnes de Uspallata offrent un défi raisonnable et une vue incomparable sur l’Aconcagua et la plaine qui sépare les deux cordillères. J’enseigne ma philosophie du trekking à ma Chicoutimienne : « L’important, c’est de monter. Après ça, on cherchera une façon de descendre. Une chose à la fois. La pensée séquentielle, y a que ça de vrai. » Si vous traînez une bouteille de Malbec jusqu’au sommet, n’oubliez pas de mettre l’ouvre-bouteille dans votre sac. Autrement, vous éprouverez un sentiment comparable à celui lorsque vous avez surpris une collègue de l’Ordre des psys, dans un party à 4 heures du matin, les lèvres suspendues au goulot d’un spectaculaire Cabernet Sauvignon 98, en plein du genre qu’on ne boit pas après 12 bouteilles, offert par une tierce demoiselle qui a toujours résisté à vos tentatives de séduction.

La semaine dernière, Geneviève et moi sommes allés nous baigner dans des sources d’eau chaude au milieu des montagnes. Calé dans l’eau jusqu’au cou, je scrutais le flanc des sommets voisins en espérant y dénicher un chat andin (gato andino). Selon les biologistes, il ne reste pas plus de 3000 exemplaires (pour reprendre le terme espagnol) de ce félin. L’animal ressemble beaucoup au chat domestique, seulement sa taille et son poids sont supérieurs. Il pèse environ 7 kilos, de quoi complexer mon chat de Plateau.

Durant chaque expédition en montagne, je demeure aux aguets. Rien à signaler pour l’instant.

Ne perdons pas espoir, j’ai jusqu’à la fin juillet.

P.S. 2002 a été une excellente année pour les viticulteurs argentins. Surveillez ça sur les tablettes de votre monopole d’État favori…

2 commentaires:

À 1:13 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

Un gato andino de sept kilos, pffff! Facile, j'en ai un plus gros que ça chez moi, fourrure non comprise.

 
À 9:17 a.m. , Anonymous Anonyme a dit...

En passant, je n'ai bu que le quart de cette fameuse bouteille...

 

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