ÇA SENT LE RÉCHAUFFÉ.

Le Canal Météo est incapable de prédire exactement s'il fera soleil dans cinq jours, mais on sait déjà quelle sera la température de la planète au 22ème siècle.

Hum... qu'est-ce que je dois comprendre ? Ce serait trop insignifiant de me dire si je verrai des bretelles de soutien-gorge sur le boulevard Saint-Laurent d'ici la fin mars. Le climatologue sérieux préfère les vrais défis : s'acheter un super-ordinateur et modéliser toutes les variables possibles - atmosphère, nuages, vapeur d'eau, mouvements océaniques, glaciers, pollution, etc. - pour préparer la section météo de l'Almanach du peuple 2104.

À quel point le calcul est-il fiable ?

En 1990, le groupe environnemental des Nations Unies prévoyait une augmentation de 0,91° C d'ici l'an 2000... le double de ce qui a été observé en réalité. Une différence majeure sur une période d'une décennie... Imaginez l'impact sur un calcul qui couvre une période dix fois plus longue.

Ce ne serait pas la première fois que des scénarios catastrophiques ne correspondent pas au véritable état du monde. Le best-seller The population bomb, publié en 1968, débute de la manière suivante : "The battle to feed humanity is over. In the course of the 1970's the world will experience starvation of tragic proportions - hundreds of millions of people will starve to death." En réalité, la production planétaire de nourriture a augmenté et la population mondiale a doublé depuis les années 60.

Le lien entre la production humaine de gaz carbonique et l'effet de serre en est un de causalité : il n'y a aucun doute que la pollution industrielle contribue à l'effet de serre. On associe l'augmentation de la température globale depuis les 25 dernières années aux conséquences de l'effet de serre. Le problème est le suivant : entre 1910 et 1945, une augmentation similaire de température a été observée. La production de gaz polluants à cette époque était insuffisante pour mettre en cause l'effet de serre.

Ce qui signifie que la cause des variations observées n'est pas seulement reliée aux activités humaines. Des chercheurs américains et danois établissent une corrélation entre les cycles solaires et les variations de température. Une activité solaire plus intense pourrait avoir des effets sur la température à la surface du globe.

Depuis que Nietzsche a tué Dieu à coups de moustache dans une ruelle de Berlin, l'Homme a récupéré la toute-puissance divine oubliée dans une poubelle. Il a aussi obtenu en bonus la responsabilité de tous ses actes et une culpabilité parfois trop aiguë. Le discours vert illustre ce sentiment d'omnipotence quand on affirme que l'être humain est le problème et la solution à tous les maux de la planète.

Tant mieux si le mouvement écolo nous permet d'orienter les développements technologiques vers des solutions moins polluantes, tout le monde serait gagnant, mais je refuse de croire que le contrôle de l'Homme sur la Nature est développé au point que celui-ci puisse comprendre tous les secrets de la planète, ou encore être seul responsable des changements climatiques. La température augmente, mais le narcissisme de l'espèce humaine gonfle encore plus vite.

Source : Bjørn Lomborg, The skeptical environmentalist, Cambridge University Press.