JE.
Il m'est souvent difficile de croire que se cachent autant de choses derrière ces deux lettres, qu'elles permettent de ME distinguer même si tout le monde les met dans sa bouche et qu'elles sont une des preuves de mon existence. Je Je Je Je Je Je Je Je Je Je Je Je Je Je Je : c'est moi à différentes époques de ma vie. Je n'ai pas trop changé, hein ? Ma mère : « combien étiez-vous dans la piscine ? » « Nous étions quinze Je, moi inclus. Oui, oui, je les ai tous comptés. Sept Je de garçons, huit Je de filles. » Ce « Je », lancé en début de phrase à tout bout de champ, agit autant comme éclaireur que général en chef. On lui confie la direction de la pensée, on le nomme détenteur du libre arbitre et on lui fait porter la culpabilité de l'humanité. Comme tout le monde, je fais appel à lui même durant des situations sur lesquelles il n'a aucun contrôle. Par exemple, dans un rêve : « Je me trouvais au centre-ville de Montréal. J'étais pieds nus malgré les 50 centimètres de neige sur le sol et le vent glacial. J'étais à la recherche d'un ami d'enfance qui avait déménagé au Québec et je criais son nom... » Le « Je » n'a participé en rien au scénario du rêve, il le subit plus qu'autre chose, mais la situation est décrite comme si toutes les actions étaient le fruit de sa volonté.
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